Le pouvoir des mots et une (toute petite) partie de mon univers

Ma Bénichon

Ma Bénichon

Chaque année, quand elle revient …

Chaque année, quand elle revient, elle réveille en moi la ribambelle des souvenirs d’enfance et met tous mes sens en éveil : images en cascade, fumets qui mettent l’eau à la bouche, discussions animées à la table de fête, tintamarre autour des attractions foraines… 

C’est la Bénichon…

Depuis quelques temps déjà, la ferme paternelle fait montre d’une fébrilité inhabituelle.

Les travaux agricoles sont pourtant terminés, les récoltes engrangées, la terre du jardin retournée, les outils remisés. 

On s’affaire par ci, on poutze par là. On court au magasin acheter le petit rien qu’on oublie chaque année. Même que l’année dernière, on avait pourtant noté dans le grand cahier ! 

On monte au galetas. La vieille borne est parfois capricieuse, mais sa fumée, savamment dosée, donnera au jambon et saucisson leur goût incomparable. 

De la cuisine émanent des fragrances, qui trahissent la proximité de la fête : la moutarde de Bénichon joue de ses épices, la cuchaule, encore toute chaude, exhale son parfum brioché et safrané.  

À peine a-t-elle précautionneusement rangé croquets et pain d’anis dans les boîtes en fer blanc, que la maîtresse de maison, un peu plus nerveuse que d’habitude, sort le fer à bricelets. 

Le spectacle du fer à bricelets est impressionnant, mais celui des beignets au genou l’est davantage, qui ne laisse aucune place à l’improvisation et demande une technique parfaitement maîtrisée. 

Et puis, deux semaines avant le jour J, il y a cette agitation sur la place du village, l’arrivée des roulottes et caravanes tant attendues : les forains s’installent, qui seront rejoints, bientôt, par la clique des vendeurs de pacotille ou autres poudres de perlimpinpin. 

Et, quand le grand jour est enfin là, oncles et tantes arrivent des quatre points cardinaux, beaux comme des princes, bien décidés à faire un sort au repas, pantagruélique, qui les attend.  

Cousines et cousins, eux, imaginent la place de fête, sa musique trop forte, son carrousel, les barques qui, une fois lancées, touchent le ciel. Les plus téméraires se voient, carabine en mains, décrocher la timbale au tire-pipes. Et peut-être, par la même occasion, épater les filles.

Des Bénichons de mon enfance, il me reste cette envie de rencontre. La tradition est là, qui me l’offre. Je vais bénichonner. Et vous ?

Le pouvoir des mots 

J’aime les mots. J’aime leur pouvoir sans frontière, ouvrant tout grand les portes d’un pays de Cocagne, où l’imaginaire côtoie le réel, où la fiction l’emporte sur la réalité, où les heures semblent des minutes et les minutes, parfois, des heures.

Vous verrez rarement un mot s’engager dans un sens unique. Emprunter des chemins détournés, braver des sens interdits, c’est bien plus jouissif. Le mot, tel le caméléon, est capable de modifier sa couleur. Mots d’amour, mots d’humour, calembours, mots qui changent le monde, gros mot, grand mot, petit mot…

Dans mon univers, il y a foule. Derrière Raymond Devos, le jongleur de mots, campent Francis Cabrel, Georges Brassens, Grand Corps Malade, Fabrice Luchini, mais également Jean d’O, Joël Dicker, Amélie Nothomb, Katherine Pancol, Mélissa da Costa, Tatiana de Rosnay, Stephen King. Il y a, bien sûr, Michel Audiard, Pierre Desproges, ou, plus près de nous, Angélique Eggenschwiler, Nicolas Feuz, Marc Voltenauer.

Pour ne citer que ces quelques-un-e-s et passer comme chat sur braise sur l’héritage, que nous ont légué les classiques.


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